Est-ce qu’on peut manger trop santé ?
Est-ce qu’on peut manger trop santé ?
PAR DRE STÉPHANIE LÉONARD
Jus de céleri et kombucha, régime végétalien et cétogène, toast à l’avocat et bol de chia… Alors que notre société a un intérêt grandissant envers la nourriture santé, les modes dans le domaine de l’alimentation changent à une vitesse folle. Bien manger n’a rien de négatif en soi, mais dans certains cas, cette bonne intention se transforme en obsession.
Qu’est-ce que l’orthorexie ?
L’orthorexie est un trouble alimentaire ayant fait son apparition il y a une quinzaine d’années. Il est souvent associé à des changements alimentaires qui visent à prévenir certaines maladies ou à améliorer son état de santé. Avec le temps, la personne souffrant d’orthorexie devient excessivement préoccupée par une alimentation dite « saine ». Elle mange selon des règles rigides et contraignantes, en plus de mettre beaucoup d’efforts à résister aux tentations.
Les aliments qu’elle choisit sont souvent sans gras, sans protéines animales et non transformés, par exemple. Le nombre de règles et leur rigidité s’accentuent progressivement, et la personne passe de plus en plus de temps à planifier et préparer ses repas, ainsi qu’à évaluer chaque aliment.
Note importante : l’orthorexie se distingue de l’anorexie par le fait que l’obsession avec l’alimentation concerne la qualité des aliments et non leur quantité. De plus, la personne qui souffre d’orthorexie, contrairement à celle qui souffre d’anorexie, ne cherche pas nécessairement à perdre du poids.
Les conséquences de l’orthorexie
Sur le plan physique, les personnes touchées par l’orthorexie sont à risque de développer des carences nutritionnelles. En éliminant plusieurs catégories d’aliments, elles se privent également de multiples vitamines, minéraux et nutriments essentiels.
Du côté psychologique, souffrir d’orthorexie signifie qu’on alloue une très grande proportion du temps à la planification, à la préparation, au calcul et à l’analyse des aliments ingérés. Ces comportements obsessionnels risquent aussi d’influencer négativement l’humeur et le niveau d’énergie, en plus de générer de l’anxiété.
Les personnes touchées par l’orthorexie n’ont pas d’autres choix, avec le temps, que de s’isoler socialement. La majorité des rencontres sociales impliquent la consommation de nourriture ; lorsqu’on mange chez des amis ou au restaurant, il est quasi impossible de connaître le contenu exact de son assiette. Il devient alors plus confortable d’éviter ces situations, afin d’éviter le sentiment de culpabilité engendré par le non-respect des règles alimentaires établies.
Reconnaître l’orthorexie
● On évite à tout prix les aliments raffinés et modifiés, le sucre, le gras, la viande rouge, les composantes artificielles, les protéines animales, etc.
● On établit nos choix alimentaires de manière obsessionnelle en suivant des règles et non en fonction de nos goûts et préférences.
● On alloue plus de trois heures par jour à des pensées reliées à une alimentation saine.
● On passe beaucoup de notre temps à planifier nos repas.
● On se sent extrêmement coupable quand on mange des aliments « interdits ».
● On est critique des personnes qui ne mangent pas aussi sainement que nous.
● On évite les activités sociales qui impliquent un repas.
L’équilibre, c’est la clé !
Bien que l’orthorexie ne soit pas un trouble de l’alimentation officiel, il représente un phénomène bien réel. Bien sûr, il est important de manger sainement pour être en bonne santé physique et mentale… mais ça ne doit jamais devenir une obsession qui nous empêche de fonctionner au quotidien. Manger, ça doit rester un plaisir !